Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/260

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servations continuelles lui auraient fourni assez de riches matériaux.

Buffon a fait connaître, d'après lui, plusieurs quadrupèdes et plusieurs oiseaux d'Afrique. M. Geoffroi de Saint-Hilaire, qui a décrit le galago, espèce fort extraordinaire de la famille des quadrumanes, nous apprend que M. Adanson le possédait depuis longtemps. Nous nous sommes assurés qu'il avait le sanglier d'Éthiopie bien avant qu'Allamand et Pallas ne le décrivissent, et ses nombreux porte-feuilles sont encore pleins de semblables richesses.

Mais tous ces trésors et, il est douloureux de le dire, M. Adanson lui-même, furent perdus pour la science et pour la société, du moment qu'il se fut entièrement consacré à l'exécution du plan gigantesque dont nous avons parlé.

Si M. Adanson eût été un homme ordinaire, nous terminerions ici son éloge ; ses erreurs n'auraient rien d'instructif : mais c'est précisément parce qu'il eut un vrai génie, c'est précisément parce que ses découvertes le mettent dans les premiers rangs de ceux qui ont servi les sciences qu'il est de notre devoir d'insister sur cette dernière et pénible partie de son histoire. L'utilité principale de ces honneurs que nous rendons aux savants est d'exciter quelques jeunes esprits à marcher sur leurs traces ; mais cet encouragement deviendrait souvent funeste, si, dispensant la louange discernement, nous ne signalions aussi les fausses routes où quelques-uns de ces hommes célèbres ont eu le malheur de s'égarer.