Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/446

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avec les rois de France et entretinrent des relations actives avec les autres potentats. Un partage imprudent livra leurs États à la discorde ; leurs meilleures provinces furent conquises par les Polonais, et eux-mêmes devinrent pour trois siècles tributaires des Tartares. Ils secouèrent enfin ce joug, et se rendirent à leur tour maîtres de leurs vainqueurs ; mais, pendant leur esclavage, les lettres et la civilisation avaient reparu en Europe et la Russie à son réveil se trouvât à une distance immense des autres États chrétiens. Les premiers Anglais qui l’abordèrent au seizième siècle la considérèrent presque comme une nouvelle découverte. Pierre le Grand fit des efforts inouïs pour la ramener aux usages et aux lumières de l’Europe. Après avoir passé par tous les grades pour habituer ses grands seigneurs à la subordination militaire, après s’être fait charpentier pour se créer une marine. Il voulut être de l’Académie des Sciences de Paris, pour donner à ses peuples le goût de l'instruction ; mais il n’eut pas en ce genre des succès aussi rapides. L'armée fut promptement soumise à la discipline germanique ; la cour eut bientôt pris les manières françaises, tandis que, pour avoir une académie, il fallut la faire venir tout entière du dehors, et que l’on fut pendant bien longtemps obligé de l’y recruter.

L’Allemagne, où la multiplication des capitales et des universités produisait en quelque sorte une surabondance d’instruction, a continuellement fourni a cette consommation singulière, et beaucoup de ses savants les plus illustres ont trouvé en Russie une fortune et des moyens de travail qu’ils n’auraient peut -