Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/448

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Pierre le Grand fit encore cette entreprise. Le premier parmi les monarques européens, il eut la gloire d’imaginer ces grandes expéditions purement scientifiques, où des hommes pourvus de divers genres de connaissances, et s’aidant mutuellement, examinent un pays sous tous ses rapports : expéditions dont l’antiquité offre quelques exemples, mais que la France et l’Angleterre ont portées a leur perfection à la fin du dernier siècle, en les destinant uniquement à éclairer l’Europe et à offrir aux peuples sauvages quelques-uns des avantages de la civilisation.

Le dantzikois Messerschmidt parcourut ainsi toute la Sibérie, depuis 1720 jusqu’en 1725 : il rapporte un recueil immense d’observations ; mais la mort du czar fit négliger sa personne et ses travaux, et il mourut dans la misère. En 1733, l'impératrice Anne-Iwanowna, nièce de Pierre le Grand, qui déploya sur le trône un caractère fort opposé à ce qu'imaginait le parti qui l'y fit monter, reprit les projets de son oncle.

Une commission plus nombreuse, qui dura dix ans procura à l'histoire naturelle les excellents mémoires de Steller et ceux de Jean-George Gmelin, chef d’une famille plus nombreuse et aussi célèbre dans cette science que les Bernoulli l’ont été en mathématiques.

Les troubles qui suivirent la mort d’Anne, et l'espèce de défaveur ou tombèrent les étrangers sous le règne d’Elisabeth, firent perdre de vue ces premiers essais ; mais Catherine II, qui eut l’esprit de vouloir faire oublier par toutes les sortes de gloire quel chemin l'avait conduite à l'empire, ne pouvait négliger un