Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/467

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la maison d’un homme aussi célèbre était un rendez-vous naturel, il saisit avidement l'occasion que l'envahissement de la Crimée lui donna de visiter de nouvelles contrées, et employa les années 1793 et 1794 à parcourir à ses frais les provinces méridionales de l'empire russe[1].

Il revit Astracan et parcourut les frontières de la Cicassie, pays montagneux qui nourrit les plus beaux hommes, et dont les mœurs ont pu donner naissance à la fable des Amazones : les maris ne peuvent y voir leurs femmes qu’en secret et en s’introduisant la nuit par leurs fenêtres. Cette contrée est d’ailleurs singulièrement remarquable par cette infinité de peuplades, différentes en langages et en figures, qui en habitent les gorges, restes de ces nations qui la traversèrent lors de la grande migration des peuples ; Les Huns, les Alains, les Uzes, les Avares, les Bulgares, les Coumanes, les Petchenègues, et ces autres barbares dont les noms étaient presque aussi effroyables que la cruauté, ont laissé quelques colonies dans les rochers du Caucase, et l’on y trouverait, dit-on, l'humanité comme par échantillons.

Mais M. Pallas ne voulut point se hasarder parmi des gens encore plus dangereux qu’ils ne sont intéressants. Il se rendit de suite dans la Crimée ou l’ancienne Tauride, presqu’île singulière, plate ct aride du côté où

  1. Nous avons aussi la Relation de ce voyage, en allemand et en français, 2 vol. in-4o, Leips., 1799 et 1801, avec beaucoup de belles planches coloriées, et il vient d’en paraître une nouvelle traduction française avec des notes, par MM. de la Boulaye et Tonnelier, Paris, 1811.