Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/142

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de voir confiſquer leurs œuvres toutes entieres, quand ils n’ont pas le moyen de payer leur taxe, mais il continuë ces brigandages en ſeureté ; car il ſçait que la Grece & l’Italie relevant d’autres Princes que du noſtre, il ne ſera pas recherché en France des larcins qu’il aura fait chez eux. Je croy meſme qu’il penſe, à cauſe que les Payens ſont nos ennemis, ne pouvoir rien butiner ſur eux qui ne ſoit pris de bonne guerre. Voila, Monſieur, ce qui eſt cauſe que nous voyons chaque page de ſes Epitres eſtre le Cimetiere des vivans & des morts : Ne doutez point aprés cela que ſi au jour de la conſommation des Siecles, chacun reprend ce qui luy appartient, le partage de ſes écrits ne ſoit la derniere querelle des hommes. Aprés avoir eſté dans nos converſations cinq ou ſix jours à l’affût aux penſées, plus chargé de pointes qu’un Porc-épic, il les va ficher dans ſes Epigrammes & dans ſes Sonnets, comme des éguilles dans un ploton ; Cependant il ſe vante qu’il n’y a rien dans ſes Eſcrits qui ne luy appartienne auſſi juſtement, que le papier & l’encre qu’il a payez ; que les vingt-quatre Lettres de l’Alphabet ſont à luy comme à nous, & la diſpoſition par conſequent ; & qu’Ariſtote