Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faite, certes, à l’insu des intéressés, a en tête une épître dédicatoire « À la jatte de M. Scarron », de H. D. L. (Henri de Loménie) suivie d’une préface et de huit pièces signées d’initiales (celles des poètes ci-dessus) toutes également adressées à H. D. L. On est en droit de s’étonner que les thuriféraires de Brienne aient abrégé leurs noms, soupçonnaient-ils la supercherie ? Le silence de Charles et Claude Perrault serait incompréhensible si on ne rappelait que le père du jeune Loménie était Secrétaire d’état aux Affaires étrangères. L’année précédente, Claude Petit-Jehan semble avoir subi dans des conditions analogues le sans-gêne de Brienne. Bien que le privilège du Virgile Goguenard ou le douzième livre de l’Enéide travestie (Paris, Antoine de Sommaville, 1652) soit au nom de cet avocat, l’épître dédicatoire signée L. D. L. (Louis de Loménie) est catégorique : c’est lui Brienne qui en est l’auteur ! Ce jeune homme devait déjà souffrir d’un déséquilibre mental qui, en s’aggravant, le fit enfermer, dix-sept ans après, dans une maison de santé.

Le secours reçu de Mazarin étant épuisé, la nécessité de découvrir un Mécène s’imposait à Cyrano. Cette fois il avait de bons répondants, une comédie : Le Pédant joué, une tragédie : La Mort d’Agrippine, son Autre Monde, des Lettres satiriques et amoureuses, etc., etc. Dans ce bagage littéraire considérable, La Mort d’Agrippine et l’Autre Monde apparaissaient d’une présentation difficile pour celui qui les couvrirait de son patronage, à moins de s’adresser à un Mécène libertin et les grands seigneurs libertins avaient tout autre chose en tête que la préoccupation d’étaler leur générosité. Cyrano dut donc se rabattre sur un personnage vaniteux, riche et brave, sans plus. Il jeta avec raison son dévolu sur le duc d’Arpajon.