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Négligeant plusieurs réimpressions insignifiantes des États et Empires de la Lune et du Soleil, nous arrivons à la thèse de Pierre Brun ; elle fait état, pour la première fois, des manuscrits de L’Autre Monde, du Pédant joué et des Lettres entrés à la Bibliothèque nationale. Mais cet universitaire distingué s’abstient d’en faire ressortir l’importance…

La thèse de Pierre Brun, justement par « tout ce qu’elle tait » laissait somnoler la figure de Cyrano quand le 28 décembre 1897 la trompette de la Renommée commence à sonner aux quatre coins de l’Univers le nom, désormais célèbre, de l’auteur du Voyage dans la Lune ! Il est certain que le héros d’Edmond Rostand est tout autre que le « vrai Cyrano » ; ce dernier ne se reconnaîtrait pas dans l’amoureux platonique de Roxane. S’il en avait la possibilité, il protesterait avec indignation contre sa caricature : il attendait, avec raison, la célébrité de ses conceptions philosophiques et scientifiques, en avance de cent ans sur l’époque où il vivait, et il l’obtient au titre d’une délicatesse de cœur dont son père et ses amis les plus intimes avaient constaté l’absence. A-t-on jamais vu pareille mystification ?

Cependant, il faut le dire, grâce à la comédie d’Edmond Rostand, une compensation méritée a été accordée à Cyrano, il l’a reçue du plus fin analyste, du plus délicat des lettrés et d’un des premiers écrivains de notre époque : Rémy de Gourmont l’a fait entrer dans sa Collection des plus belles pages (1908) avec l’essentiel de son œuvre. Une légère tache seulement, la part faite aux « fantaisies » de P. Lacroix sur la Confrérie de l’index (18).

À la suite de notre édition des Œuvres libertines de Cyrano de Bergerac contenant les passages inédits des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, un éminent critique étranger, M. Richard Aldington publie à Londres