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nistrer les derniers sacrements de l’Église, pour le préparer à comparaître devant Dieu, au cas où la science serait impuissante à maintenir en communion intime l’âme et le corps du malheureux. Hélas ! pas une fibre du visage de l’ingénieur ne tressaillait. De chez le pharmacien arrivaient des drogues que le docteur manipulait prestement. L’émotion des assistants se reflétait sur leurs visages. Seul le tic-tac d’une pendule rompait le silence de la pièce où se jouait ce drame.

Marguerite Nadeau regardait, anéantie, les moindres gestes du prêtre, du médecin, espérant de toute la force de son cœur.

Par habitude professionnelle, sans doute, mêlant une idée de chiffres à un roman d’amour, navrée, elle songeait que, par sa faute, elle n’aurait peut-être pour part que l’escompte d’un bonheur dont elle aurait pu jouir entièrement.

— Ah ! l’abominable flirt, le triste passe-temps, murmurait-elle !

Des sanglots d’amour la secouaient, elle tomba à genoux près du corps toujours inerte de l’ingénieur.

L. d’ORNANO.