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convenances.

Les salutations d’usage échangées, bredouillant des choses qu’ils ne pensaient pas, les deux jeunes gens s’acheminèrent vers le village voisin.

Complètement ressaisi par son ancienne passion, le rêveur de tantôt capitulait. Passif, il redevenait la chose de la Montréalaise. Celle-ci, reprenant très vite son aplomb, par des mots, des gestes, des allusions, presque par des promesses, rouée, se plaisait à raviver l’ardeur passionnée de l’ingénieur. Sans cœur, elle entendait pousser à bout ses projets machiavéliques, quitte à faire litière de toutes ces vétilles au moment psychologique, et à laisser Raoul en une douloureuse détresse morale. C’était un passe-temps, pour cette enfant très positive d’un siècle trop positif. Puisqu’en villégiature son jouet de l’avant-dernière saison tombait sous sa main, heureuse, elle s’en amuserait à son gré.

Ah ! si l’ingénieur eut eu plus d’expérience, moins de noblesse de sentiment, de suite il aurait rendu nulle cette partie mondaine, dont l’enjeu passait pour être du bonheur de bon aloi. Hélas ! il n’en était pas ainsi.

Néanmoins, sans qu’il s’en doutât, l’heure de la revanche involontaire de Raoul Thérien allait sonner.