un automate pour aligner ses comptes ; cela se conçoit, et ils sont dans leur rôle en agissant ainsi. Mais que le prolétaire, l’ouvrier ne voie en elle qu’un ustensile à écumer la marmite, une auge pour les appétits du mâle : voilà ce qui se comprend moins. Et quand ce sont de prétendus démocrates, de prétendus socialistes qui, par pensée et par action, insultent ainsi à la nature humaine, en insultant à la femme, cela forme une anomalie étrange !
Nier les besoins et les facultés, les droits et l’intelligence de la femme, c’est faire comme les bourgeois et les aristocrates niant les droits et l’intelligence du prolétaire, comme les blancs d’Amérique niant la race humaine chez le nègre. A qui la faute d’ailleurs, si les femmes ne sont autres que ce qu’elles sont ? – Est-ce la faute du maître ou de l’esclave si le nègre cultive la canne à sucre au lieu de cultiver son esprit ? si l’ouvrier travaille la matière au lieu de travailler son intelligence, et si la femme récure ses casseroles ou s’étudie à orner son corps comme une poupée pour l’agrément du riche, au lieu de polir les facultés de son cerveau et de l’orner de connaissances solides ? Hommes, ne nous glorifions pas, n’outrageons pas la femme ; nous n’en avons pas le droit : l’esclave n’est jamais que le reflet du maître.
Prolétaires qui voulons nous affranchir, tendons une main fraternelle à la femme, et marchons unis avec elle à la conquête de la liberté, au renversement de l’exploitation de l’homme par l’homme comme de l’exploitation par l’homme de la femme.