que c’est la Jacquerie, portant dans les châteaux l’incendie et le meurtre, qui a valu à vos pères, serfs avant d’être bourgeois, l’affranchissement des communes ? C’étaient des révolutionnaires, ceux-là ! Alors ils étaient esclaves, aujourd’hui ils sont maîtres, et ils oppriment. Mais le moyen dont ils se sont servis peut être retourné contre eux, et ce serait justice : à tout seigneur tout honneur !
Il est une chose qu’un esprit libre ne révoquera pas en doute : c’est qu’il n’y a pas de moyens criminels pour recouvrer sa liberté, tout est légitime alors. C’est tant pis pour le geôlier, tant pis pour l’oppresseur. Il n’y a de moyens criminels que ceux qui sont destinés à attenter à la liberté humaine.
Et puis, est-ce bien à vous, messieurs de la Montagne, à trouver criminels les moyens que j’indique ? Quand soi-même on prend pour devise l’assassinat, quand sur un écriteau on imprime en grands caractères ce vers, que j’aurais pu mettre en tête de mon livre comme une épigraphe :
« Tu peux tuer cet homme avec tranquillité »,
quand on affiche et qu’on laisse cela affiché, jour et nuit, dans la salle de ses réunions, on a perdu le droit, messieurs, de trouver mauvais qu’un autre ait dit aussi, lui, la même chose sous une autre forme, et en l’appliquant à une classe d’hommes. Le faire, c’est de l’hypocrisie ; approuver d’un côté et désavouer de l’autre, c’est mentir à sa conscience, c’est n’en avoir point, la différence ici n’étant pas dans le principe, mais dans le plus ou moins grand nombre d’applications du principe.
Il y a cependant une chose qui nous sépare, et