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SOMMAIRE.

entre les citoyens, et mettait dans les préparatifs une lenteur qui, sans épargner la dépense, en faisait perdre tout le fruit. Comme les artisans et les gens de marine, qui composaient plus des deux tiers du peuple d’Athènes, ne contribuaient pas de leurs biens, et n’avaient qu’à payer de leurs personnes, le poids des taxes tombait uniquement sur les riches. Ceux-ci ne manquaient pas de murmurer et de reprocher aux autres, que les deniers publics se consumaient en fêtes, en comédies et en superfluités qemblables. Le peuple, qui se sentait le maître, se mettait peu en peine de leurs plaintes, et n’était pas d’humeur à prendre sur ses plaisirs de quoi soulager des hommes qui possédaient, à son exclusion, les emplois et les dignités. D’ailleurs, il s’agissait de la vie, si on osait seulement lui en faire la proposition dans les formes. Démosthène hasarda, à deux différentes reprises, d’entamer cette matière ; mais il le fit avec beaucoup d’art et de circonspection. Après avoir démontré l’indispensable nécessité où l’on était de mettre sur pied une armée pour arrêter les entreprises de Philippe, il laisse entrevoir qu’il n’y a point d’autres fonds pour lever et entretenir des troupes, que celui qui était destiné aux distributions du théâtre. Il demande qu’on nomme des magistrats législateurs, non pour établir de nouvelles lois, il n’y en avait que trop, mais pour examiner et abolir celles qui se trouveraient contraires au bien de la république. Il n’encourait pas la peine capitale portée par la loi, parce qu’il ne proposait point en forme de l’abolir, mais qu’il demandait seulement qu’on nommât des magistrats législateurs pour en faire l’examen. Il montrait seulement la nécessité qu’il y avait d’abolir une loi qui faisait gémir les plus zélés citoyens, et les réduisait à l’alternative, ou de se perdre eux-mêmes par un conseil courageux, ou de laisser périr leur patrie par un silence timide.

Avant de passer au discours, il faut lever une contra-