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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

S’il arrive donc aujourd’hui, qu’un orateur ne vous donne pas le meilleur conseil, eh bien qu’un autre monte à la tribune, sans accuser celui qui vient de parler. Quelque autre ouvre-t-il un avis plus utile ? suivez-le sous d’heureux auspices ; mais si cet avis n’est pas agréable, vous ne devez pas en faire un crime à l’orateur, à moins qu’il ne soit obligé de vous adresser des vœux flatteurs(7), et qu’il ne s’en dispense. Dans ce cas, il est répréhensible ; car il est aisé de former des vœux en ramassant dans une courte formule tous les souhaits les plus flatteurs et les plus avantageux. Mais il n’est pas aussi aisé, quand on délibère sur les affaires publiques, de choisir le meilleur parti ; et quand on ne peut concilier l’utile et l’agréable, il faut rejeter l’agréable et embrasser l’utile.

Mais, dira-t-on, si on pouvait nous laisser les fonds destinés au théâtre, et nous indiquer d’autres fonds pour la guerre, cet avis ne serait-il pas le meilleur ? oui, sans doute, si cela est possible ; mais j’en doute beaucoup ; et ce serait en effet une chose extraordinaire, qu’on ait jamais vu ou qu’on puisse jamais voir un homme qui, après avoir consumé en dépenses inutiles les fonds qu’il avait, puisse fournir à des dépenses nécessaires avec les fonds qu’il n’a pas. Mais je vois que les discours remplis de ces promesses flatteuses trouvent des auditeurs disposés à les écouter favorablement, et cela, par la raison qu’il est très-facile de se tromper soi-même ; car chacun croit aisément ce