Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
494
QUATRIÈME PHILIPPIQUE.

nient où nous sommes déjà tombés. Je voudrais aussi qu’on fît partir, au plus tôt, des députés chargés de faire connaître vos résolutions et de veiller sur les lieux à vos intérêts. Car il est fort à craindre que notre ennemi, aussi rusé qu’il est, aussi habile à profiter des conjonctures, ne parvienne enfin, soit en relâchant de ses prétentions selon l’occurrence, soit en menaçant à propos (et on peut l’en croire quand il menace), soit en nous faisant un crime, auprès de nos alliés, de notre lenteur et de notre inaction ; il est à craindre qu’il ne parvienne à opérer quelque révolution dans les affaires de la Grèce.


Heureusement, Athéniens, ce qui fait la plus grande force de Philippe, est en même temps ce qu’il y a de plus avantageux pour vous. Être le seul maître de toutes ses opérations, le seul maître de ce qu’il faut dire et de ce qu’il faut taire, réunir en sa personne le souverain, le général et l’intendant, commander partout en personne, de tels avantages sont d’un grand secours à la vérité pour agir promptement et à propos dans toutes les opérations militaires ; mais ce sont aussi de grands obstacles au traité qu’il voudrait conclure avec les Olynthiens. Car les Olynthiens ne sauraient se dissimuler qu’ils combattent, en ce moment, non pour la gloire ou pour une partie de leurs possessions, mais pour empêcher la ruine et la servitude de leur patrie. Ils savent comment il a récompensé les traîtres qui lui livrèrent Amphipolis(2), et