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Κατὰ Μειδίου λογοσ.

HARANGUE CONTRE MIDIAS. 3 43

n’eut pu réussir à me charger du meurtre de Nicodème , il attaqua à découvert Aristarque , et il l’attaqua parce que j’étais son ami. Sans parler du reste, Midias se présente au sénat, dans le moment où il était assemblé pour examiner cette affaire : Sénateurs, dit-il, pourriez-vous ignorer la vérité ? Maîtres du meurtrier ( il parlait d’Arislarque ), pourquoi chercher ? pourquoi hésiter ? pourquoi fermer les yeux ? N’irez-vous pas à la maison du coupable ? ne le saisirez-vous pas ? ne le ferez-vous pas mourir ? Cet odieux et impudent personnage parlait de la sorte, lui qui auparavant voyait très-volontiers ce citoyen , lui qui la veille lui avait rendu visite. Aristarque même, avant son malheur, m’avait pressé, avec une ardeur importune, de me rapprocher de Midias. Supposé donc qu’il eût été persuadé qu’Aristarque avait réellement commis le crime qui a causé sa perte ; supposé qu’il eût cru les imputations de ses accusateurs, il ne devait pas même alors parler comme il a fait. Rompre avec un ami que l’on croit s’être porté à quelque action criminelle, c’est assez le punir : poursuivre en justice sa punition, c’est ce qu’il faut laisser aux offensés et à ses ennemis. Mais, sans exiger tant de délicatesse d’un pareil homme, s’il est constant qu’après s’être arrêté sous le même toit qu’Aristarque , après s’être entretenu avec lui comme s’il n’eût été question de rien [20] ; s’il est constant qu’il a parlé contre lui, qu’il lui a imputé