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238 ÉLOGE bâtir le Louvre , tandis qu'on avait en France Pujet et Claude Perrault. Il serait à souhaiter que les gens de lettres de quelque mérite écrivissent ainsi leurs mémoires , à condition pourtant , ce qu'on ne peut guère espérer de la faiblesse humaine, qu'ils parleraient d'eux-mêmes avec cette sincérité naïve qui ajoute tant de prix aux talens. Les bons esprits ne s'intéressent guère moins à voir au naturel , et comme en négligé , ceux qui ont éclairé leurs contemporains, que ceux qui les ont gouvernés bien ou mal. L'histoire des premiers est celle des progrès et des chefs-d'œuvre de l'esprit humain ; l'histoire des autres n'est souvent que celle de nos malheurs et de nos crimes. NOTES. (i) Voici l'explication qu'on trouve dans l'histoire du roi par mé -dailles , de l'inscription Apollo Palatinus, mise à la médaille de l'Aca -démie. (c Apollon tient sa lyre appuyée sur le trépied d'où sortaient ses oracles. Dans le fond paraît la principale face du Louvre. La légende Apollo Palalinus, signifie, Apollon dans le palais d'Auguste. Cette devise, et plusieurs autres faites par l'Académie des inscriptions naissante, était plus heureuse que la fameuse inscription, Nec pluribus impar y qu'un médiocre antiquaire avait imaginée pour une médaille frappée à l'honneur de Louis XIV. La médaille représentait un soleil éclairant le monde , et l'inscription signifiait qu'il aurait pu en éclairer plusieurs à la fois , allusion , qu'on croyait bien fine , à l'étendue des lumières du monarque , et à la profondeur de sa sagesse. Indépendam -ment du ridicule de cet excès d'adulation, il n'était pas aisé , en regar -dant la médaille , de deviner sur-le-champ l'application de la devise , défaut essentiel dans ces sortes d'ouvrages. Cependant , lorsqu'elle fut présentée par l'auteur à l'Académie des inscriptions pour être soumise à son jugement , cette compagnie n'eut garde de la censurer , encore moins d'en proposer une autre , craignant sans doute de ne pas faire aussi bien au gré de l'amour-propre du maître. Malheureusement on dé- couvrit ensuite que cette même devise avait été déjà imaginée à la louange du détestable roi Philippe II. C'est du moins ce que prétendirent alors quelques antiquaires étrangers , qui n'étaient pas payés , comme les an- tiquaires français , pour donnera Louis XIV des louanges si outrées et si fades. Colbert ayant demandé à Charles Perrault une devise pour M. le Dau- phin , qui n'avait encore que quatre ans , et qui paraissait déjà marquer beaucoup de goût pour ce qui avait rapport à la guerre . notre acadé- micien donna celle-ci , qui fut préférée à beaucoup d'autres. Le corps est un éclat de tonnerre qui sort de la nue , avec ce mot , et ipso terret