Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/304

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3 toises seulement de l’élévation du ruisseau, mais elle court encore à pareille hauteur et de la même épaisseur sous la montagne opposée et sous toutes les autres qui leur sont contiguës, soit qu’elles en soient séparées ou non par de profondes vallées. Je retrouvai la même mine, et à la même hauteur, sous les montagnes de la Lorraine allemande, au delà de la Moselle, et sous d’autres montagnes du Bassigny et des pays voisins, c’est-à-dire dans l’étendue de plus de 30 lieues. Il n’y a point de doute que ce lit, si égal, de cette vaste mine, ne soit un dépôt que les eaux de la mer ont formé en ces lieux, lorsque toutes les montagnes dont elle est couverte n’étaient pas même encore commencées. Ce fait est justifié non-seulement par la vaste étendue de cette mine, dont les bornes ne sont pas connues, par la qualité et l’épaisseur de son lit, qui sont les mêmes dans tous les lieux où elle se découvre, mais encore par le nombre infini de couleuvres de mer et de coquilles de cornes d’Ammon qu’on trouve pétrifiées dans cette vase ferrugineuse[1]. »

Il cite ensuite d’autres preuves de la répartition universelle des fossiles, tels que le mont Pilate, dans le canton de Lucerne, l’île de Malte, qu’il avait observée à plusieurs reprises, la présence des polypiers ou madrépores recueillis par lui sur divers points, celle des bancs d’Huîtres de la Toscane, du Pisan et de diverses autres parties du globe. Sa description de la colline de Sainte-Croix-du-Mont, sur la rive droite de la Garonne, en amont de Bordeaux, et du banc d’Huîtres qu’elle renferme, est aussi exacte que celle de la couche de minerai de la Lorraine. Les citations de fossiles en Égypte, sur les bords du Rhin et dans d’autres localités de la France, viennent encore ajouter à la masse des preuves accumulées à l’appui de son hypothèse ; aussi dit-il (p. 106) : « Comment n’être pas persuadé que ce globe que nous habitons est l’ouvrage de la mer, et qu’il a été formé dans son sein comme se forment encore sous ses

  1. Comparez, pour l’exactitude de cette description, Hist. des progrès de la géologie, vol. VI, p. 343, 1856.