Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/308

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une question qui nous touche de plus près, parce que l’idée fondamentale qu’il développe a été reprise depuis par un zoologiste éminent, et se retrouve encore au fond de beaucoup d’ouvrages modernes plus ou moins philosophiques, c’est cet entretien, disons-nous, qui a valu à l’auteur toute sa célébrité. Les animaux et les végétaux marins, laissés à sec par le retrait de la mer, se seraient transformés, suivant lui, en animaux et végétaux terrestres par la seule nécessité de s’accommoder au nouveau milieu dans lequel cette circonstance, prévue ou imprévue du Créateur, de Maillet ne le dit pas, les a obligés de vivre. Telle est la pensée que l’auteur cherche à appuyer par des raisonnements, des preuves et des exemples tous plus ou moins contestables.

Mais si, laissant de côté cette partie fantaisiste de son livre, à laquelle, nous en sommes convaincu par son propre aveu, il n’accordait aucune importance réelle, nous ne considérons que les quatre premiers entretiens, nous trouverons que Telliamed vaut mieux que sa réputation, qu’il y a dans ses recherches, dans la suite et l’arrangement des faits, beaucoup plus d’entente d’un véritable système que dans la plupart des ouvrages de son temps ; mais aussi, comme dans tous les livres où l’imagination finit par l’emporter sur l’observation et l’expérience, celui dont nous venons d’essayer de reproduire les points les plus importants commence avec toute la sévérité des méthodes scientifiques, pour se terminer par les conceptions les plus dénuées de vraisemblance.

De Luc[1], après avoir examiné le système de Le Catt[2], suivant lequel toutes les matières du globe se sont arrangées dans l’ordre de leur pesanteur spécifique, de manière que l’eau est la dernière couche qui ait environné tout le globe, de Luc, disons-nous, étudie avec un soin particulier l’ouvrage de de Maillet, et, bien qu’il ne l’apprécie pas au même point de vue que nous, il lui rend cependant plus de justice que la plupart des écrivains

  1. Lettres physiques et morales, vol. II, 5° parte, p. 269, 1779.
  2. Magasin français, juillet 1750.