Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Après avoir assigné un laps de 50 à 55 mille ans pour la formation des planètes et la précipitation des vapeurs à l’état fluide

    ou sans nodules ferrugineux, comprenant des lits de houille dont l’épaisseur varie de 0 m 55 à 1 m 20. L’épaisseur totale de cet ensemble de dépôts, parfaitement continu et qu’on peut embrasser d’un coup d’œil, est de 4440 mètres. Dans une portion de cette épaisseur, qui est de 1376 mètres, on observe des troncs d’arbres à 17 niveaux différents. Ces troncs droits, perpendiculaires au plan des couches, ont une longueur de 1 m 80 à 2 m 45, et leur diamètre varie de 0 m 30 à 0 m 40. Jamais ils ne traversent des lits de charbon quelque minces qu’ils soient, et la plupart s’y terminent par leur extrémité inférieure comme s’ils avaient végété à leur surface.

    Dans une autre portion de cette coupe naturelle, sur une épaisseur de 426 mètres, et en un point où les lits de charbon sont le plus nombreux, M. Lyell a pu distinguer jusqu’à 68 niveaux différents, offrant des traces très-reconnaissables de sols superficiels successifs avec des racines de plantes.

    Les troncs d’arbres qui proviennent pour la plupart de Sigillaria ne sont représentés que par leur écorce ; la destruction du bois a produit des cylindres creux dont le remplissage s’est fait après le dépôt des couches qui les entourent, car les matières de ce remplissage diffèrent par leur nature comme par leur ordre de superposition de celles des dépôts extérieurs, de sorte que les dépôts ne sont pas contemporains. En outre, l’enfouissement des arbres a dû précéder de bien des années la décomposition de leur intérieur, et l’on a ainsi la preuve que des sédiments de plusieurs milliers de mètres d’épaisseur, aujourd’hui inclinés de 24° à l’horizon, lui ont été déposés parallèlement.

    La présence de ces troncs a été constatée sur une étendue de 3 ou 4 kilomètres du N. au S. et sur une étendue de plus du double de l’E. à l’O., car on peut les observer sur les pentes des ravins qui sillonnent le pays. Dans le bassin houiller de Sidney au cap Breton, M. R. Brown a également signalé des troncs de Sigillaria, de Lepidodendron et de Calamites à 16 niveaux différents, munis de leurs racines et certainement encore à la place où ils ont végété, puis une série de 41 lits d’argile remplie de racines et de Stigmaria dans leur position normale, de sorte qu’on a également ici la preuve d’au moins 57 forêts fossiles situées les unes au-dessus des autres.

    Avec ces données, M. Lyell chercha s’il ne serait pas possible, au moyen de termes de comparaison pris dans la nature actuelle et suivant ainsi la marche de Buffon pour le même objet, d’évaluer le temps qu’a dû exiger, pour se former, une telle série de dépôts alternants avec des périodes de végétation détruites et toujours renouvelées.

    Dans la coupe de South-Joggins on a vu que la puissance du système carbonifère était évaluée à un peu plus de 4 kilomètres, et à Pictou, point situé à plus de 160 kilomètres vers l’est, son épaisseur, sans avoir été mesurée