Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/407

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pensait que les dépôts de lignites et les lits coquilliers qui les. accompagnent sont postérieurs au creusement des vallées, adossés au pied des talus des couches régulières, et qu’ils résulteraient de l’entraînement par les eaux des parties supérieures, elle prouve que cet observateur les avait mal étudiés, et ressemblait en cela à ceux qui depuis ont marché sur ses traces.
Lavoisier.

Lavoisier, que nous avons déjà vu associé aux recherches de Guettard, prouva qu’il aurait pu être aussi bien un grand naturaliste que le premier de nos chimistes. Dans ses Observations générales sur les couches modernes[1] il distingue, sous le nom de bancs littoraux, les dépôts formés le long des côtes, et, sous celui de bancs pélagiens, ceux qu’il suppose avoir été formés à une certaine distance, sous des eaux plus profondes. Il fait voir les différentes natures de leurs sédiments, la différence des coquilles ou des autres productions marines qu’ils doivent renfermer, enfin quels sont les mouvements de la mer auxquels on doit les attribuer. Il admet que les diverses couches sont dues à de très-lentes oscillations du niveau des mers, lesquelles se sont reproduites un certain nombre de fois ; d’où il résulterait, suivant lui, qu’une coupe des bancs horizontaux compris entre l’océan et les hautes montagnes doit offrir une alternance de bancs successivement littoraux et pélagiens, composés de substances différentes. « Si l’on pouvait prolonger cette coupe assez profondément pour atteindre l’ancienne terre, expression de Rouelle, dont se sert ici l’illustre chimiste, on pourrait, dit-il, juger, par le nombre des couches, du nombre des excursions que la mer a faites. Enfin, lorsque les couches du fond ou du sol immergé étaient de nature meuble comme des argiles et des sables, elles ont dû être fréquemment détruites par le retrait des eaux. »

À l’appui de ces idées, Lavoisier a donné des coupes fort exactes qui prouvent qu’il avait bien le sentiment de cette géologie stratigraphiques tardivement développée chez nous. Ce sont des coupes des environs de Villers-Cotterets, de la descente

  1. Mem. de l’Acad. r. des sciences, 1789, p. 350, pl. 7.