Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/461

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« On trouvera la raison de cette singularité, si l’on réfléchit que les géologistes ont tous été ou des naturalistes de cabinet qui avaient peu examiné par eux-mêmes la structure des montagnes, ou des minéralogistes qui n’avaient pas étudié avec assez de détail les innombrables variétés des animaux et la complication infinie de leurs diverses parties ; Les premiers n’ont fait que des systèmes, les derniers ont donné d’excellentes observations ; ils ont véritablement posé les bases de.la science, mais ils n’ont pu en achever l’édifice.

« En effet, la partie purement minérale du grand problème de la théorie de la terre a été étudiée avec un soin admirable par de Saussure, et portée depuis à un développement étonnant par Werner et par les nombreux et savants élèves qu’il a formés… D’autres savants étudiaient, à la vérité, les débris fossiles des corps organisés ; ils en recueillaient et en faisaient représenter par milliers ; leurs ouvrages seront des collections précieuses de matériaux ; mais, plus occupés des animaux et des plantes, considérés comme tels, que de la théorie de la terre, en regardant ces pétrifications ou ces fossiles comme des curiosités plutôt que comme des documents historiques, ou bien, enfin, se contentant d’explications partielles sur le gisement de chaque morceau, ils ont presque toujours négligé de rechercher les lois générales de position ou de rapport des fossiles avec les couches.

« Cependant l’idée de cette recherche était bien naturelle. Comment ne voyait-on pas que c’est aux fossiles seuls qu’est due la naissance de la théorie de la terre ; que sans eux l’on n’aurait peut-être jamais songé qu’il y ait eu dans la formation du globe des époques successives et une série d’opérations différentes ? Eux seuls, en effet, donnent la certitude que le globe n’a pas toujours eu la même enveloppe, par la certitude où l’on est qu’ils ont dû vivre à la surface avant d’être ainsi ensevelis dans la profondeur. Ce n’est que par analogie que l’on a étendu aux terrains primitifs la conclusion que les fossiles fournissent directement pour les terrains secondaires, et, s’il n’y avait que des terrains sans fossiles,