Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/201

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endroits peu profonds, est dû à la douceur comparative de la couche supérieure des eaux ; dans la Baltique les eaux sont complètement modifiées ; dans la mer Noire les caractères particuliers de la faune locale sont limités et en partie déterminés par ceux de cette portion du bassin méditerranéen que modifient son isolement presque complet et les grandes rivières qui s’y jettent ; enfin dans la Caspienne les eaux sont d’une nature très-différente de celles de l’Océan.

Dans beaucoup de localités très-limitées, telles que les lochs de l’Écosse, les fiords de la Norwége et dans un grand nombre d’estuaires, la surface des eaux peut être douce ou presque douce, tandis que les couches inférieures sont aussi salées que la pleine mer ; d’où il résulte que l’on trouve sur un même point des êtres organisés pour différents degrés. de salure d’eau, vivant non-seulement près les uns des autres, mais en quelque sorte étagés les uns au-dessus des autres, comme on l’observe dans un bras de mer situé dans le district rocheux et sauvage de Connemara, en Irlande. La profondeur y est de 27 à 36 mètres, et les animaux qui habitent le fond sont essentiellement marins ; ils ne peuvent vivre dans la couche d’eau supérieure, presque douce, où pullulent, au contraire, des entomostracés qui ne pourraient pas supporter les eaux saumâtres du fond. Cette circonstance, observée par Forbes sur beaucoup d’autres points du littoral, expliquerait, suivant lui, l’aspect particulier que présentent souvent les poissons fossiles contournés, comme s’ils étaient morts dans des convulsions, circonstance qui aurait pu se produire par leur passage de l’eau salée inférieure dans l’eau douce supérieure. Mais nous craignons que le savant naturaliste anglais ne se soit laissé entrainer ici dans ses déductions, car on sait que bon nombre de poissons vivent à la fois dans les eaux salées et les eaux douces, et quant à ceux qui vivent exclusivement dans l’eau salée il est peu probable qu’ils s’approchent des côtes où l’affaiblissement de la salure est aussi prononcé dans de petites baies ou fiords et dont la couche d’eau de moindre salure n’a d’ailleurs que quelques mètres d’épaisseur.