Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/598

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Ailleurs, le poëte dit que toute l’Arcadie, Parthénios, certaines portions du Péloponèse voisines de l’isthme, l’Aonie, Dircée, Strophie, l’Æsope, Larisse, le Pénéias, etc., se sont retirés (φεῦγεν) devant la mère-supplice d’Apollon (Latone}. Serait-ce une allégorie ou une allusion à quelques changements dans les caractères physiques du pays ? Ou ne serait-ce qu’une pure fantaisie émise sans que le poëte ait prétendu ôter aux divinités des fleuves, des montagnes et des villes, des représentations figurées ou prosopopées, que les Grecs leur assignaient si volontiers (vers 70 à 150) ?

Les phénomènes volcaniques de l’Étna sont attribués aux mouvements du géant Briarée qui s’y trouve enseveli, bien que le livre de pseudo-Aristote, intitulé Περὶ κόσμου (Sur l’Univers), ait déjà donné aux volcans, dont l’origine était connue, l’épithète employée par des géologues de nos jours, celle d’évents ou de soupapes de la terre. Quant aux 120 livres de l’Encyclopédie de Callimaque, on doit regretter qu’il ne nous en soit rien parvenu.

Beaucoup de passages des auteurs prouvent qu’on a observé, dans les périodes qui nous occupent, la présence des fossiles dans les couches de la terre ; mais on n’y trouve comme vues théoriques rien qui ressemble à celles d’Empédocle. L’hypothèse de Théophraste et de Polybe est sans aucune valeur. Dans le traité de minéralogie intitulé Περὶ λίθων, le naturaliste d’Eresus attribue l’ivoire fossile à une force plastique de l’intérieur de la terre, et dans son curieux opuscule intitulé Περὶ τῶν ἰχθύων τῶν ἐν τῷ ξηρῷ διαμενόντων[1], il suppose que les poissons fossiles d’Héraclée (Pont), de la Paphlagonie, de la Gaule narbonnaise ne sont que des individus des espèces actuelles, vivant dans l’intérieur de la terre, et provenant soit d’œufs qui y auraient été laissés, soit par suite de métamorphoses en types terrestres de ceux qui seraient venus originairement de la mer ou des fleuves voisins pour s’introduire entre les couches.

  1. Cf. 8, p. 828, Schneider ; Cf. Pseudo-Aristote, De Mirab. Auscult. 73, 74 ; Athénée, Deipn., VIII, 2 ; Pline, Hist. Nat., IX, 57.