Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/601

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Les stoïques soutenaient qu’après chaque conflagration le même ordre de choses se reproduisait, et en rapport avec le même cours des astres, les formes, les mêmes relations de la vie humaine qui se reproduisaient aussi. Les mêmes nations, les mêmes villes, les mêmes guerres se reproduisaient. Athènes, Troie, comme Socrate, Platon, Achille et les Argonautes devaient revenir, et ce renouvellement de toutes choses devait se répéter dans un nombre de cycles infini[1], ce qui n’empêchait pas d’admettre le développement progressif de la vie dans chaque cycle ou période considérée en elle-même (εἰμαρμένοι χρόνοι). Jusque dans les premiers siècles du christianisme, les Grecs ont continué à observer les fossiles. Eusèbe (Chron. arm., l, p. 60), Cédrène (I, p. 27), Eustathe (Hexaëmeron, p. 49), en parlent d’une manière particulière. Le savant évêque de Césarée a observé lui-même les poissons fossiles du Liban, et en tire la conclusion autoptique qu’ils sont la preuve du déluge de Noé[2].


Géologie des Romains.

Les Romains passent pour avoir imité les Grecs, ce qui est vrai, non-seulement de leurs poésies, mais encore des hypothèses

  1. Nérnèse, de Natura hominis, 58 ; Virgile, Eclog. IV, Pollio, cité par Lyell, Principles, p. 149 ; Cf. les réflexions d’Owven, Paleontology p. 414.,
  2. Nous serions certainement plus instruits sur les idées géologiques des Grecs, si les œuvres des philosophes-naturalistes appelés φυσικοί ou φυσιολόγοι, celles portant le titre Περὶ φύσεως, Περὶ κοσμοῦ, Περὶ τοῦ παντὸς, les ouvrages des iatrosophistes, des périégètes, les hydrophantes, les économes, les narrateurs des Fables merveilleuses (θαυμάσια ἀκούσματα, ἄπιστα.) étaient parvenus jusqu’à nous. Nous regrettons surtout que le livre de Théophraste sur l’Etna, Περὶ ῥύακος τῶν ἐν Σιλελίᾳ, et sur les fossiles, Περὶ λιθουμένων, soient perdus. Les ouvrages minéralogiques intitulés Περὶ λίθον n’ont eu aucun rapport avec les changements de la croûte terrestre ; très-souvent ils ont eu une importance hygiénique. Quant aux causes qui ont retardé le progrès de la géologie chez les Grecs, nous renverrons le lecteur au sixième chapitre de l’ouvrage anglais de M. Schvarez.