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Des orateurs qui jadis ecripvirent
Les dignes faictz qu'ilz ouyrent et virent ;
Voulans aux bons, apres la mort des corps,
Perpetuer honorables recors,
En ensuyvant celle fluant doctrine
Qui ne lesse nul bienfaict en ruyne,
J'ay mys a part tout occieulx repos,
Et presumé poursuyvre le propos
Dont j'ay devant touché sur les cronicques
De noz Françoys, et œuvres magnificques
Du Roy Loys douziesme de ce nom,
Eureulx en faictz de louable renom.
Ou j'ay osé mettre main a la plume
Pour en faire quelque abregé volume,
À mon pouvoir, contenant verité,
Louant celuy qui los a merité,
Sans oublyer le vicieulx meffaict
D'aucun, s'il est descouvert en effaict ;
Sachant aussi que rien ne se peult taire
Dont plusieurs font ung mesme commentaire,
Et ce, pour myeulx ouvrir le chemin ample
Des vertueulx et suivre leur exemple,
Et es autres cloure les appastys
Des reprouvez, en voyant leur chastys.
Ainsi se doit dire du bien le bien
Et du deffault, s'il y en a, combien :
La Fortune, malle ou bonne adventure,
Ne doit avoir de faveur couverture ;
Mais tout ainsi qu'elle advient, est notoire
Qu'elle se doit reciter par histoire,
Comme furent les gestes des Romains,
Dont la gloire reluyt sur les humains,
Qui a la foys furent dictz les plus fors,
Et puis deffaictz par hostilles effors,
Ores soubmys par maleureuses courses,
Ores ayans vertueuses ressources :
Ce qui plus hault fist pendre leurs escus,
Que s'ilz n'eussent oncques estez vaincus ;