Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
LE CAPITAINE

traient les murs, tintaient d’un son aigre sur les casques hauts. Un cheval, puis deux, puis un troisième tombèrent : le trot ne changea pas. Dans l’ombre, aux flammes qui brûlaient sur les serpentins des mousquets, l’ennemi parut. « Halte, la pistolade ! » commanda le roi. Les partis s’observèrent, graves, dans le noir des yeux. Au-dessus des chevaux arrêtés, les armes lentes s’étendirent… Feu ! Un braillement de mort saillit des pistolets rouges, et la lueur de ces dix décharges vacillait encore que les dix spectres de fer, emportés d’un élan farouche, s’éerasèrent dans la mêlée ! Aucune flamme dans ce grouillement, rien qu’un sourd travail d’épées pesantes, un choc d’estocs, parfois un cri, des froissures de cuirasses, les propos du roi, un sombre écho d’enclume : des bras qui heurtent, percent, fendent, un ahanement de poitrines dont les boucanières sueurs nuageaient aux éclats des torches. Ce petit combat, engagé par dix hommes contre cinquante, se précipita en bataille. Au bout d’une heure, comme Henri avançait toujours, une pertuisane à la main, la pistole de l’autre, avec sa poire à poudre en bandoulière, une enseigne de cent vingt soldats qui venaient d’écorner Rosny accourut derrière les piques. « C’est assez faire l’anspessade, dit Roquelaure, que Votre Majesté se tienne à l’écart, sa joue est blessée. — Non, dit le roi, c’est le sang d’un homme qui m’a sauté au visage. » Il s’effaça, vint à Gourdon qui avait un cheval, l’envoya aux autres pour pousser la ville, but un