— Sire, posez-vous. Pourquoi, sur tant de gloire, en désirer d’autre ?
— Pourquoi, étant si belle, mettez-vous encore de la poudre ? Tête de ma vie ! s’écria le rude Gascon, en choses de batailles, ma Dame, les pitiés sont vaines, car c’est amusette à mauvais médecins !
-Ces morts, cependant…
— Sont roidis sous terre en leurs chemises d’honneur, ne faut pas les plaindre.
— Vous avez noblement réponse, dit-elle. (Madame de Gramont quitta son siège et vint près du roi) Je m’enorgueillis, à vous entendre, de l’amour que vous m’inspirez, libéré de toutes vilenies et caresses dont usent les grossiers amants. (Hai ? bougea-t-il) Je vous aime, sire (Baissant la voix) ; je vous aime presque d’amour divin.
— Et moi, taquina le Gascon, d’amour libidin.
— Ch ! fit-elle en se dégageant ; vous n’avez point perdu, je le vois, cet âpre goût des plaisanteries militaires dont si souvent je vous fis reproche. Ne riez point de la destinée, Henri, le ciel a son effort dans vos triomphes, il faut y reconnaître le doigt de Dieu…
— Et un peu ma main, s’il vous plaît.
Elle le regarda :
— Depuis le grand massacre des protestants, sire, vous semblez tourner à l’impie. (L’éclair des yeux royaux lui fit peur ; elle changea de ton) Martine ! appela-t-elle, dites à M. le Maître d’ap-