Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
LE ROI

Aucun ne trouvant, le roi jeta sa pioche sur la tranchée terminée.

— La tête de buis dure comme tous les diables, cria-t-il à ses travailleurs, et le derrière en bois de tremble car elles ne font que le remuer ! Sur ce, compagnons, allez boire un pot de bon vin d’Arbois que je viens de faire servir, j’en vais faire autant !


Du premier enseigne au dernier valet des bagages il était aimé comme un père. Un fait bref et simple arrivé sous les murs de Dreux lui montra l’emprise qu’il avait sur le cœur des hommes.

Une nuit qu’il était allé visiter les alentours de la ville avec d’Aubigné, Brasseuses, d’Urgossé et Lanjuzan, quatre soldats choisis par M. d’Urgosse les accompagnèrent, armés de longues pistoles et de poignards affilés.

— Aucun bruit, leur dit-on ; vous vous tiendrez prêts, si l’on vous le commande, à égorger les sentinelles.

Le roi et deux de ces hommes marchaient par-dessus la contrescarpe, et les autres officiers par-dessous. Le Gascon arrêté mesura des yeux combien de terre il lui faudrait prendre pour mettre l’artillerie sur le bord du fossé. Soudain, dans les ténèbres, un homme toussa.

— L’imprudent ! murmura le Gascon ; l’haleine d’une sentinelle, subitement, peut nous roder au visage…

Ombres dans l’ombre, ils longèrent les fossés.