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L’ENFANT

enjonchées, un parc myrtin, frais bocages aux cheveux verdelets, et des champs qui toutes choses produisent où l’on peut s’asseoir dessus l’herbe.

— Vous parlez comme Le Hamus le procureur, dit-elle. Et vous faites métier ?

— Oui, dit le garçon rougissant. (Après rêverie, il plaisanta) Je suis astucier.

— Vous ne faites que rire, dit-elle avec inquiétude. Et encore ?

— Chercheur de rébus, Allumeur de feux-follets. Ah ! dit-il soudainement, vous sentez bien bon !

— C’est un tortis de violettes que j’ai placé là.

— Les violettes, il y a des hommes qui en mangent.

— S’on peut dire ! qui mangent des fleurs ?

— J’en ai vu aux foires de Nérac, je sais faire comme eux.

Il en mangea une bravement. Mais d’un gentil coup de doigt mi-caresse, mi-gifle, la demoiselette ressaisit les autres. L’enfant frémit comme un luth, de toute sa peau effleurée.

— Demandez-moi plus près de vous, murmura-t-il.

— Oui, vous avez l’air d’un chien en reculet, venez çà ! Mais ne me faites plus de mauvaisetés. (Comme il s’approchait, elle rit) Vous avez mangé l’aillée à ce matin, garçon. Et dites un peu !

— À dix heures.

— Vous dînez si tôt chez vos grands ?