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CÉSAR FRANCK

la conception et le plan de cette étonnante pièce si l’on veut se reporter aux motifs musicaux notés plus haut, auxquels j’affecte, comme pour une démonstration mathématique, des lettres indicatrices.

Mais, ainsi qu’il doit être des belles œuvres, l’auditeur ne se doute point de l’exceptionnelle et admirable architecture de ce monument, architecture dont il subit cependant l’influence par le sentiment qu’il se trouve en face de quelque chose de puissamment grand, tout en se laissant aller à la séduction exercée par le charme pénétrant des thèmes musicaux.

Le scherzo, en fa dièze mineur, un jeu, « une ronde de sylphes dans un paysage sans lune », eût-on dit aux temps romantiques, fut fait, ou du moins écrit en dix jours ; l’esquisse, à peine raturée, porte la date du 9 novembre, tandis qu’à la fin du premier mouvement, s’étalent en grosses lettres, les mots : 29 octobre 1889, suivis de la mention de durée : 17 minutes.

Quant à la troisième partie, le larghetto en si majeur, ton aimé du maître, c’est encore un monument admirable de pureté, de grandeur, de sincérité mélodique. Je ne pense pas que, depuis les andante des derniers quatuors beethovéniens, il soit possible de rencontrer, dans toute la production musicale, une phrase aussi