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CÉSAR FRANCK

simple lied que Beethoven jette sur le papier en l’année 1804.

Les Béatitudes furent pour Franck l’œuvre de toujours.

Dès sa première jeunesse, dès l’instant où il se sent non plus virtuose, mais musicien créateur, il pense à une assimilation dans l’ordre sonore du beau poème d’idées qu’est le Sermon sur la montagne. Comment cette promesse de bonheur futur n’aurait-elle pas séduit ce chrétien, simple et fort en sa foi ? Comment ce Christ passant à travers les foules pour y jeter des paroles de justice et de paix ne fût-il pas devenu pour un Franck la manifestation faite musique d’un Dieu d’amour apaisant d’un geste les douleurs de l’humanité ?

Franck aimait ce texte, il le relisait souvent. On conserve dans sa famille un « Recueil des Saints Évangiles » qu’il avait reçu en prix à la fin d’une année scolaire ; la page, qui, en huit paragraphes, contient le divin discours, présente des traces d’usure démontrant qu’elle fut fréquemment consultée ; de plus, en marge de chacune des paroles du Christ, on remarque des coups d’ongle, ces coups d’ongle que nous, ses élèves, nous connaissions si bien et au moyen desquels, lorsqu’il n’avait pas de crayon à sa portée, il avait coutume de souligner les passages de nos