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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

devoirs que, soit approbation, soit blâme, il voulait nous signaler.

Une très ancienne pièce pour orgue, datant de ses débuts comme organiste, mais dont le manuscrit lui-même est égaré, portait comme suscription : « Le sermon sur la montagne » ; le même titre se reproduit en tête d’une Symphonie pour orchestre, à la façon des poèmes de Liszt, qui date également d’une époque assez ancienne et n’a point été publiée[1].

Traduire en une paraphrase musicale digne du sujet ce poème divin fut donc la constante pensée du maître ; mais il lui fallait pour cela un texte versifié…

Trop peu confiant en son éducation littéraire, il n’osait pas entreprendre lui-même ce travail et les librettistes d’alors ne se souciaient point (heureusement !) de perdre de fructueux moments pour fournir à cet organiste obscur un canevas dont le rendement pécuniaire ne pouvait se présenter que comme fort problématique.

Franck, qui n’était point l’ascète sauvage et intransigeant que décrivent certains critiques peu informés, acceptait très volontiers d’amicales invitations à dîner ou à passer la soirée ; il

  1. M. Georges C. Franck possède le manuscrit de cette Symphonie au milieu d’un assez grand nombres d’études et de pièces inédites de son père.