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L’ÉDUCATEUR ET L’ŒUVRE HUMAIN

celle que Bossuet enseignait aux chrétiens comme la voix de la perfection morale. — C’est la méthode de tous les grands artistes ; ce fut celle de César Franck. En elle il se rencontrait pratiquement avec les maîtres qui ont le mieux décrit l’ascension de l’âme vers Dieu[1]. »

Je voudrais maintenant faire pénétrer plus intimement le lecteur en cette méthode intuitive d’enseignement et montrer combien elle différait des façons de faire employées par la plupart des professeurs de Conservatoires.

La première des conditions que posait Franck à l’élève était non de travailler beaucoup, mais de travailler bien, ou plutôt, et pour parler plus juste, de ne pas lui apporter une grande quantité de besogne, mais seulement du travail extrêmement soigné.

Le disciple retire de cela un précieux avantage en ce qu’il s’habitue, dès les études préliminaires, à ne rien négliger et à fournir une tâche plus intelligente que routinière ; c’est ce que beaucoup de jeunes gens élevés dans les écoles plus ou moins officielles ne savent point comprendre ; habitués dès l’enfance à présenter des devoirs à un professeur, ils ne peuvent imaginer

  1. G. Derepas, César Franck.