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L’ÉDUCATEUR ET L’ŒUVRE HUMAIN

En retournant chez moi dans la nuit (cette entrevue avait eu lieu un soir, fort tard), révolté contre cet arrêt sévère, mais inquiet, au fond, je me disais, en ma vanité blessée, que Franck devait être un arriéré, ne comprenant rien à l’art jeune et en avant… Néanmoins, plus calme le lendemain, je repris mon malheureux quatuor et me rappelai une à une les observations que le maître m’avait faites en soulignant, selon son habitude, ses paroles de multiples arabesques au crayon sur le manuscrit, et je fus forcé de convenir avec moi-même qu’il avait absolument raison : je ne savais rien… J’allai donc lui demander, presque en tremblant, de vouloir bien m’accepter comme élève et il m’admit à la classe d’orgue du Conservatoire dont il venait d’être nommé professeur.

Cette classe d’orgue, dont je conserve toujours un souvenir ému, fut, pendant longtemps, le véritable centre des études de composition du Conservatoire. À cette époque (je parle des lointaines années 1872 et suivantes) les trois cours de haute composition musicale étaient faits par Victor Massé, compositeur d’opéras-comiques, n’ayant aucune notion de symphonie et qui, de plus, constamment malade, se faisait remplacer dans ses fonctions par un de ses élèves ; puis venaient Henri Reber, musicien vieillot au juge-