Page:D - Odor di femina, 1900.djvu/109

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une rangée de fines dents blanches, serrées, d’un émail éblouissant, qu’on découvre entre deux lèvres rouges taillées dans une cerise mûre, qui leur sert d’écrin.

Elle était ravissante, cette accorte vendangeuse et appétissante avec ses joues veloutées, dans lesquelles on voudrait mordre, comme dans une pêche vermeille.

— Quel âge as-tu, ma belle ?

— Dix-neuf ans, à votre service, monsieur, me dit-elle en me tirant une gracieuse révérence.

— À mon service, tu t’engages joliment, ma fille.

— Oh ! monsieur, à votre service, je m’entends, c’est révérence parler.

— Cependant si on y mettait le prix.

J’aime assez à brusquer les choses. D’ailleurs les vendanges ne devaient pas durer longtemps, et je devais mener l’affaire rondement, si je voulais arriver à mes fins avec cette sémillante brune, qui décidément était charmante, et pour la conquête de laquelle rien ne me coûterait. Cependant à la phrase un peu roide que je venais de lâcher, elle rougit jusqu’aux oreilles, et me tirant une autre révérence, elle se disposa à reprendre son panier, pour aller rejoindre les coupeuses, qui avaient recom-