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plus grossier. Quand on trouve de ces bons païens gais, droits, qui adorent le diable parce qu’ils ne connaissent que lui, et qu’on vient à bout de leur faire brûler leurs idoles pour adorer : premièrement, un seul Dieu ; secondement, un Dieu en trois personnes ; troisièmement, un Dieu crucifié ; voilà ce qui me console, voilà ce que j’aime. »

« M. Chastan, écrivait alors Mgr Bruguière, est le missionnaire qui montre le plus de zèle pour entreprendre des courses apostoliques. Il est toujours par voies et par chemins, on peut ajouter aussi par terre et par mer, pour soigner les Chinois convertis et pour faire de nouveaux néophytes. Il court partout où il y a quelque espoir d’en faire. Il parle plusieurs langues et en étudie de nouvelles ; il est vrai qu’il ne les parle pas toutes correctement, mais enfin on le comprend et on l’écoute avec plaisir. C’est un sujet précieux pour notre mission. » Les succès que Dieu donnait au zélé missionnaire ne lui faisaient pas cependant oublier la Corée. Quand il apprit que son supérieur, l’évêque de Capse, était envoyé lui-même dans cette mission, il s’offrit à l’accompagner. Son offre fut agréée, et on décida qu’il se tiendrait prêt à partir au premier appel.

C’est au mois de mai de l’année 1833 que M. Chastan se mit en route. Sa piété, son humilité, la bonté de son cœur lui avaient attiré l’estime et l’affection de tout le monde : aussi ce fut un deuil général à son départ. Les chrétiens lui témoignèrent leurs regrets et leurs sentiments de reconnaissance dans une adresse où ils disaient, entre autres choses, que les ardeurs du soleil et le mauvais temps n’avaient jamais arrêté ses pas dans les fonctions de son ministère, et que la patience et les souffrances de Notre-Seigneur avaient toujours été son modèle. Toutes ces paroles étaient rigoureusement vraies. Le missionnaire reprit donc le chemin de la Chine, et vint débarquer à Macao où il devait se concerter avec M. Umpière, procureur de la Propagande, sur les moyens de continuer sa route. Au moment de partir pour la Corée, il écrivit à sa famille la lettre suivante. On y voit le fond de ce cœur de missionnaire qu’animaient une charité si ardente et une foi si vive ; on comprend en la lisant que Dieu lui préparait la couronne du martyre.


« Macao, le 31 août 1833.
« À mes bien chers père et mère, et à toute ma famille.

« Quoique j’aie eu la douce consolation de vous écrire, il y a