Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/13

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et que le même Saint-Esprit sait animer de la même grâce toute-puissante, les hommes de toute race, de toute langue et de toute couleur. La plus grande preuve de foi, le plus grand acte de charité, c’est le martyre. Or, là où il y a eu des martyrs, l’Église est solidement fondée, car le sang des martyrs est, en Asie aussi bien qu’en Europe, une semence de chrétiens. On objectait le Japon, illustré jadis par la mort de tant et de si glorieux témoins de Jésus-Christ. La foi chrétienne, en effet, y semblait anéantie. Les idolâtres l’avaient noyée dans le sang ; les hérétiques, plus abjects, avaient pendant deux cents ans scellé son sépulcre, en foulant aux pieds la croix. Voyez aujourd’hui les descendants des martyrs confessant, par milliers, dans les prisons ou dans l’exil, la foi qu’ils ont su conserver, sans prêtres, sans autels, sans sacrements, à travers une persécution de trois siècles. La résurrection du catholicisme en Angleterre a-t-elle rien de plus frappant, de plus surnaturel que sa résurrection au Japon ? et l’histoire de l’Église universelle offre-t-elle beaucoup d’exemples d’une aussi inébranlable fidélité dans la foi ?

Plus d’un lecteur peut-être, en parcourant l’histoire de l’Église de Corée, s’étonnera, non pas qu’on ait fait si peu, mais qu’on ait pu faire autant, en quelques années, et malgré de si puissants obstacles. Plus d’un peut-être, loin de mettre en question la foi des néophytes, se frappera humblement la poitrine, et demandera à Dieu la grâce d’imiter leur courage, la grâce de se trouver comme eux au jour de l’épreuve, aussi fort, aussi persévérant, aussi véritablement chrétien.


L’histoire proprement dite est précédée d’une introduction sur les institutions, le gouvernement, les mœurs et coutumes de la Corée. J’y ai réuni et classé un grand nombre de renseignements épars, çà et là, dans les lettres des missionnaires, et qui n’auraient pu facilement se placer dans le texte ; un chapitre spécial est consacré à l’exposé de notions grammaticales élémentaires sur la langue coréenne, langue à peu près inconnue, jusqu’aujourd’hui, aux orientalistes ; et dans un autre j’ai donné, tout au long, le tableau officiel des divisions administratives du royaume. Ce travail préliminaire, qui complète le récit des faits et qui est à son tour complété par lui, présente néanmoins des lacunes inévitables. Mais, tel qu’il est, il a une valeur unique en son genre, puisque les missionnaires sont les seuls Européens qui aient jamais séjourné dans le pays, qui en aient parlé la langue, qui aient pu, en vivant de longues années avec les indigènes,