Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/147

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parents qui les fiancent et les marient, sans les consulter, sans s’inquiéter de leurs goûts, et souvent même contre leur gré. De part et d’autre on ne s’occupe que d’une chose, la convenance de rang et de position entre les deux familles. Peu importent les aptitudes des futurs époux, leur caractère, leurs qualités ou leurs défauts physiques, leur répugnance mutuelle. Le père du garçon se met en relation avec le père de la fille, de vive voix s’ils demeurent dans le voisinage l’un de l’autre, par lettre s’ils sont trop éloignés. On discute les diverses conditions du contrat, on convient de tout, on marque l’époque qui semble la plus favorable d’après les calculs des devins ou astrologues, et cet arrangement est définitif.

La veille ou l’avant-veille du jour fixé pour le mariage, la demoiselle invite une de ses amies pour lui relever les cheveux ; le jeune homme de son côté appelle l’un de ses parents ou connaissances pour lui rendre le même service. Ceux qui doivent faire cette cérémonie sont choisis avec soin ; on les appelle pok-siou, c’est-à-dire : main de bonheur. Voici sur quoi est fondé cet usage. En Corée, les enfants des deux sexes portent leurs cheveux en une seule tresse qui pend sur le dos. Ils vont toujours nu-tête. Tant que l’on n’est pas marié, on reste au rang des enfants (ahai), et l’on doit conserver ce genre de coiffure. On peut alors faire toutes sortes d’enfantillages et de folies, sans que cela tire à conséquence ; on n’est pas supposé capable de penser ou d’agir sérieusement, et les jeunes gens, eussent-ils vingt-cinq ou trente ans, ne peuvent prendre place dans aucune réunion où l’on traite d’affaires importantes. Mais le mariage amène l’émancipation civile, à quelque âge qu’il soit contracté, fût-ce à douze ou treize ans. Dès lors on devient homme fait (euroun), les jeux d’enfants doivent être abandonnés, la nouvelle épouse prend son rang parmi les matrones, le jeune marié a le droit de parler dans les réunions d’hommes et de porter désormais un chapeau. Après que les cheveux ont été relevés pour le mariage, les hommes les portent noués sur le sommet de la tête, un peu en avant. D’après les vieilles traditions, ils ne devraient jamais se couper un seul cheveu ; mais, à la capitale surtout, les jeunes gens qui veulent faire valoir leurs avantages personnels, et n’avoir pas sur le crâne un trop gros paquet de cheveux, se font raser le sommet de la tête, de façon à ce que le nœud ne soit pas plus gros qu’un œuf. Les femmes mariées, au contraire, non-seulement conservent tous leurs cheveux, mais s’en procurent de faux, afin de grossir autant que possible les deux tresses qui pour elles sont