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Il y a une autre espèce d’adoption qui n’est pas reconnue par la loi, et qui ne confère aucun droit ou privilège à l’enfant adoptif. Elle a lieu surtout parmi les classes inférieures, quand des personnes, qui n’ont pas d’enfants ou qui n’ont que des filles, élèvent l’enfant d’un autre afin d’avoir en lui un soutien dans leur vieillesse et leurs infirmités. Cette adoption se fait sans formalités extérieures, et sans aucune restriction de nom, de parenté ou de famille. Ceux-là seulement y ont recours qui, à cause de leur pauvreté, ne peuvent trouver à adopter un fils dans les formes voulues par la loi ; et quand ils meurent, la propriété de leur maison, de leurs meubles et autres objets d’une valeur insignifiante, passe sans contestation à leur enfant adoptif.

En Corée, comme dans la plupart des pays d’Orient, les liens de famille sont beaucoup plus resserrés et s’étendent beaucoup plus loin, que chez les peuples européens de notre époque. Tous les parents jusqu’au quinzième ou vingtième degré, quelle que soit d’ailleurs leur position sociale, qu’ils soient riches ou pauvres, savants ou ignorants, fonctionnaires publics ou mendiants, forment un clan, une tribu et, pour parler plus juste, une seule famille, dont tous les membres ont des intérêts communs et doivent se soutenir réciproquement. À la mort du père, le fils aîné prend sa place ; il conserve la propriété. Les cadets reçoivent de leurs parents des donations plus ou moins importantes à l’époque de leur mariage, et dans certaines autres circonstances, selon l’usage, le rang, et la fortune des familles ; mais tous les biens restent à l’aîné, qui est tenu de prendre soin de ses frères comme de ses propres enfants. Ses frères, de leur côté, le regardent comme leur père, et quand il est condamné à la prison ou à l’exil, lui rendent les mêmes services qu’à leur propre père. En général, les rapports entre parents sont d’une grande cordialité. La maison de l’un est la maison de tous, les ressources de l’un sont à peu près celles de tous, et tous appuient celui d’entre eux qui a quelque chance d’obtenir un emploi ou de gagner de l’argent, parce que tous en profiteront. C’est là l’usage universel, et la loi le reconnaît, car on fait payer aux plus proches parents non-seulement les impôts et contributions qu’un des leurs ne paye pas, mais même les dettes particulières qu’il ne peut pas ou ne veut pas acquitter. Les tribunaux prononcent toujours dans ce sens, et il ne vient à l’esprit de personne de s’en plaindre ou de protester.

« Dernièrement, écrivait en 1855 Mgr Daveluy, un jeune homme de plus de vingt ans fut traduit devant un mandarin pour