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fraises, très-belles à la vue, sont immangeables ; les pêches ne sont que des avortons véreux, etc. On mange beaucoup de cornichons et de pastèques ou melons d’eau, qui sont peut-être le seul fruit passable que produise le pays. Quelques missionnaires font une autre exception en faveur du fruit du lotus diospyros, que l’on désigne en France par son nom Japonais : kaki (le nom coréen est kam). Pour la couleur, la forme et la consistance, ce fruit ressemble assez à une tomate mûre. Le goût rappelle celui de la nèfle, mais lui est bien supérieur.

Les fleurs sont très-nombreuses. Pendant la saison, les champs sont émaillés de primevères de Chine, de lis de différentes espèces, de pivoines et d’autres espèces inconnues en Europe. Mais, à part l’églantine, dont le feuillage est très-élégant, et le muguet qui ressemble à celui d’Europe, toutes ces fleurs sont inodores, ou d’un parfum désagréable.

On cultive aussi le gen-seng, mais il est extrêmement inférieur en qualité au gen-seng sauvage de la Tartarie. Cette plante fameuse est, au dire des habitants de l’extrême Orient, le premier tonique de l’univers. Ses effets sont bien supérieurs à ceux du quinquina. D’après les Chinois, le meilleur gen-seng est le plus vieux ; il doit être sauvage, et dans ce cas il se vend au prix exorbitant de 50,000 francs la livre. La racine seule est en usage, on la coupe en morceaux que l’on fait infuser dans du vin blanc pendant un mois au moins. On prend ce vin à très-petites doses. Il n’est pas rare de voir des malades à l’article de la mort, qui, au moyen de ce remède, parviennent à prolonger leur vie de quelques jours. Le gen-seng cultivé abonde dans les diverses provinces de Corée. On le joint à d’autres drogues pour fortifier le malade, mais on ne l’emploie presque jamais seul. Depuis quelques années, son prix a doublé, à cause de la quantité considérable que l’on fait passer en Chine par contrebande, car les habitants du Céleste-Empire en font encore plus grand usage que les Coréens. — Le gen-seng, essayé à diverses reprises par les Européens, leur a, dit-on, causé le plus souvent des maladies inflammatoires très-graves ; peut-être en avaient-ils pris de trop fortes doses ; peut-être aussi faut-il attribuer cet insuccès à la différence des tempéraments et de l’alimentation habituelle.

Les animaux sauvages, tigres, ours, sangliers, sont très-nombreux en Corée, les tigres surtout, qui, chaque année, font beaucoup de victimes. Ils sont d’une petite espèce. On trouve aussi quantité de faisans, de poules d’eau et d’autre gibier. Les ani-