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employés subalternes le reçoivent des gouverneurs ou vice-rois. Recevoir ce calendrier, c’est se déclarer sujet et tributaire de l’empereur : le refuser, c’est se mettre en insurrection ouverte. Jamais les rois de Corée n’ont osé, depuis le traité, se passer du calendrier impérial ; mais pour sauvegarder leur autorité vis-à-vis de leurs propres sujets, et se donner un certain air d’indépendance, ils affectent d’y faire quelques changements, plaçant les longues lunaisons (celles de trente jours) à des intervalles différents, avançant ou retardant les mois intercalaires, etc., de sorte que les Coréens, pour connaître les dates civiles et l’époque des fêtes officielles, sont forcés d’attendre la publication de leur propre calendrier.

De plus, chaque nouveau roi de Corée doit, par une ambassade expresse, demander l’investiture à l’empereur ; il doit rendre compte de tout ce qui concerne sa famille, et des principaux événements qui surviennent dans son royaume. La plupart des ambassadeurs chinois étant, dans la hiérarchie impériale, d’un grade supérieur au roi de Corée, celui-ci doit aller hors de sa capitale pour les recevoir et leur offrir ses humbles salutations, et il doit pour cela prendre une autre porte que celle par où l’ambassadeur fait son entrée. Celui-ci, pendant son séjour, ne sort point du palais qui lui est destiné, et tout ce qui paraît chaque jour sur sa table, vaisselle, argenterie, etc., devient sa propriété, ce qui occasionne au gouvernement coréen d’énormes dépenses. Il paraît aussi que les ambassadeurs coréens n’ont pas le droit de passer par la porte de Pien-men, première ville chinoise sur la frontière, et qu’ils sont obligés de faire un détour. La couleur impériale est interdite au roi de Corée ; il ne peut pas porter une couronne semblable à celle de l’empereur ; tous les actes civils doivent se dater des années de l’empereur ; et quand quelque chose de grave arrive à Péking, le roi doit envoyer par une ambassade extraordinaire, ses félicitations ou ses condoléances, selon les cas. Le traité porte aussi que le gouvernement coréen n’a pas le droit de battre monnaie, mais cet article n’est plus observé.

On trouve dans Duhalde un exemple curieux des rapports officiels entre les deux cours : c’est le placet présenté à l’empereur Kang-hi, en 1694, par un des princes de la dynastie Ni. Il est conçu en ces termes :

« Le royaume de Tchao-sien présente ce placet, dans la vue de mettre l’ordre dans sa famille, et pour faire entendre les désirs du peuple.