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dépendants des deux compétiteurs prirent part à la querelle ; le roi, par prudence, ménagea les uns et les autres, et ils restèrent divisés sous les noms de Tong-in (orientaux) et Sié-in (occidentaux). Quelques années plus tard, une cause aussi futile amena la formation de deux autres partis, que l’on appela Nam-in (méridionaux) et Pouk-in (septentrionaux). Bientôt les orientaux se joignirent aux méridionaux et ne formèrent qu’un seul parti sous le nom de ces derniers : Nam-in. Les septentrionaux très-nombreux se divisèrent d’abord entre eux, et formèrent les Tai-pouk et Sio-pouk, c’est-à-dire grands et petits septentrionaux. Les Tai-pouk s’étant mêlés à des conspirations contre le roi furent presque tous mis ta mort, et ce qui restait ne tarda pas à se réunir aux Sio-pouk, de sorte qu’à l’avènement de Siouk-tsong, en 1674, il restait trois partis bien marqués, savoir les Sié-in (occidentaux), les Nam-in (méridionaux), et les Sio-pouk (petits septentrionaux).

Pendant le règne de Siouk-tsong, un incident ridicule amena de nouveaux changements. Un jeune noble Sié-in, nommé Ioun, avait pour précepteur un lettré de grande réputation appelé O-nam. Le père de Ioun étant mort, celui-ci prépara une épitaphe, mais le précepteur en proposa une autre. On ne put se mettre d’accord ; chaque rédaction eut ses partisans, et on s’échauffa si bien que le parti Sié-in fut scindé en deux nouveaux partis, celui de Ioun sous le nom de Sio-ron, celui de O-nam sous celui de No-ron.

Telle est l’origine des quatre partis qui, de nos jours encore, existent en Corée. Tous les nobles appartiennent nécessairement à l’une de ces factions, dont l’unique souci est de s’emparer des dignités et d’en fermer l’accès à leurs ennemis. De là, des discordes continuelles, des luttes qui le plus souvent se terminent par la mort des principaux chefs du parti vaincu ; non point que l’on ait ordinairement recours aux armes où à l’assassinat, mais ceux qui parviennent à supplanter leurs rivaux forcent le roi à les condamner à mort, ou tout au moins à l’exil perpétuel. Dans les temps de calme, le parti dominant, tout en gardant pour lui-même avec une précaution jalouse les positions influentes, laisse partager les charges et emplois ordinaires aux nobles de l’autre parti, afin d’éviter une opposition trop violente ; mais on ne se rapproche jamais, et le gouvernement tolère que les membres de factions opposées ne se parlent point, même quand l’accomplissement de leurs fonctions administratives semble l’exiger.

Ces haines sont héréditaires ; le père les transmet à son fils, et