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le 14 de la deuxième lune, avait été renvoyé à la prison de Po-tsien, pendant que son père était gardé à la capitale. D’un caractère doux et tranquille, Léon avait passé sa jeunesse dans ce district, ne rêvant pour l’avenir que les grandeurs humaines, dont sa naissance et sa position lui frayaient la route. Mais à peine eut-il connu notre sainte religion, qu’il l’embrassa avez zèle, et oublia de suite toute autre ambition que celle de servir Dieu et de propager sa loi. La piété filiale lui faisait un devoir de commencer par son père, qui, bien qu’instruit du christianisme, hésitait à l’embrasser. Léon sut éclaircir ses doutes, fixer ses irrésolutions, il parvint à l’affermir solidement dans la foi. Son zèle se porta ensuite sur les autres membres de sa famille qu’il instruisait assidûment, sur les chrétiens tièdes qu’il excitait avec une patiente énergie, et sur les païens dont il convertit un grand nombre. Son humilité surtout était admirable ; il ne parlait de lui-même que dans les termes les plus modestes, et se plaisait à relever les qualités, les talents, et les bonnes actions des autres. Aussi était-il estimé et aimé de tous.

Emprisonné d’abord avec son père, puis ramené à sa ville natale, il eut à subir de fréquentes tortures, mais la pensée de la glorieuse mort de ce père que lui-même avait converti, et le désir de marcher sur ses traces, le soutinrent merveilleusement, et son courage fit plus d’une fois l’admiration des satellites. Dix mois de détention, au milieu de toutes sortes de souffrances et d’épreuves, ne purent en rien ébranler sa foi ; et il mérita enfin d’être condamné à mort, pour Jésus-Christ. Il avait quarante-quatre ans, lorsqu’il fut décapité, à Po-tsien, le 27 de la douzième lune (30 janvier 1802). Après sa mort, pendant plusieurs jours, une vive lumière environna son corps, qui conservait toutes les apparences de la vie. Les satellites et une grande foule de païens furent témoins de ce prodige.

Le même jour, à Iang-keun, où avait déjà coulé le sang de tant de chrétiens, eut lieu le martyre de Sébastien Kouen Siang-moun-i, second fils de François-Xavier Kouen, et devenu par adoption fils et héritier d’Ambroise Kouen. Le nom qu’il portait, la réputation que ses talents et ses bonnes qualités lui avaient déjà acquise, sa ferveur à pratiquer la religion, étaient des causes de proscription plus que suffisantes. Il fut donc pris, et incarcéré d’abord dans la prison de Iang-keun, où il souffrit des tourments si atroces, que son cœur faiblit un instant, et laissa échapper une parole d’apostasie. Mais transféré devant les tribunaux de la capitale, il se rétracta, et au milieu des tortures qui ne lui furent