Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/476

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

volumes qui sont entre les mains d’une chrétienne. Les livres imprimés en Chine, que nous avons vus, sont en grand format, et pour cela difficiles à cacher. Si vous les faisiez imprimer en petit format, vous pourriez nous les envoyer plus facilement, et il nous serait plus aisé de les cacher. Nous vous prions d’avoir égard à cette demande.

« Maintenant que nous n’avons aucun moyen de recevoir les sacrements, c’est une chose bien fâcheuse pour nous de manquer de secours à l’article de la mort. Si nous pouvions avoir des choses saintes, auxquelles fussent attachées des indulgences plénières, elles serviraient à nous animer et à fortifier en nous la foi, l’espérance et la charité.

« Comme, depuis dix ans, nous n’avons pu avoir aucune communication avec vous, nous ignorons le nom du souverain Pontife ; depuis combien d’années il gouverne l’Église ; nous ignorons également ce qui regarde les prêtres de l’église de Péking ; combien il y en a, outre l’évêque ; quels sont les progrès de la religion en Chine ; combien il y a de royaumes en Orient où la religion est prêchée et exercée publiquement. Nous vous prions de nous donner quelques détails sur ces différents points.

« Personne d’entre nous, qui avons survécu à la persécution, n’est bien instruit des affaires qui furent traitées secrètement en l’année kang-chen (1800). Simon King et Yu-tsien-si[1] nous écrivirent, il est vrai, de leur prison ; mais ils ne nous dirent que des choses générales, et n’osèrent entrer dans aucun détail. Ils nous apprirent qu’au bout de dix ans il devait venir un grand vaisseau ; que les nombreux sectaires de Nanking causaient de grands troubles. Ils nous donnèrent l’assurance que des prêtres de l’église de Péking avaient résolu de venir en Orient pour travailler au salut de nos âmes. Mais, la grande persécution nous a empêchés d’aller recevoir ces missionnaires ; nous en avons ressenti la douleur la plus amère, et nous sommes inconsolables d’ignorer ce qu’ils sont devenus. Si le Seigneur les a conservés sains et saufs, lorsqu’ils verront les députés que nous envoyons à Péking, ils penseront sans doute à accomplir leur promesse. Nous les en prions avec les plus vives instances ; nous les désirons avec autant d’ardeur qu’un enfant soupire après la mamelle. Prosternés en terre, nous implorons surtout la miséricorde et la bonté infinie de

  1. C’étaient les deux derniers courriers envoyés en Chine par le P. Tsiou. Ils furent saisis à leur retour de Péking, et l’on trouva sur eux la réponse de l’évêque.