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rapporter ce qu’on put trouver, et Simon distribua le tout aux prisonniers, soulageant ainsi pour un temps leur cruelle position. Après plusieurs interrogatoires dans lesquels il ne voulut à aucun prix faire sa soumission, il fut transféré, à la cinquième lune, au tribunal de Ouen-tsiou, capitale de sa province, avec son frère Thaddée. Ils s’y trouvèrent réunis avec six ou sept autres chrétiens pris sans doute avec eux, ou dans les environs. C’était la première fois que des chrétiens se trouvaient captifs dans cette ville, et qu’ils étaient cités devant ses tribunaux. Simon s’y montra ferme et résolu. Il résista à tous les supplices qui lui furent infligés, aussi bien qu’à toutes les sollicitations par lesquelles on essaya de le faire fléchir, et fit beaucoup d’honneur au nom chrétien par une noble et franche confession de foi. Il ne se laissa pas même ébranler par la déplorable défection de son frère Thaddée, qu’il vit partir pour l’exil en récompense de sa lâcheté. L’ardeur de sa foi et sa patience dans les tourments tirent l’admiration de tous. Il fut enfin condamné à mort, et signa sa sentence selon l’usage. Cette sentence, envoyée au roi pour recevoir sa confirmation, fut en effet approuvée ; mais quand la réponse arriva, Simon était gravement malade des suites de ses blessures jointes à une violente dyssenterie. On sursit à l’exécution, et peu de jours après, Simon, sans avoir pu recevoir le glorieux coup de sabre qu’il désirait, mourut dans la prison de Ouen-tsiou, le 5 de la onzième lune 1815, après huit mois de détention, à l’âge de plus de cinquante ans.

Nous ne savons rien autre chose de la persécution dans la province de Kang-ouen. Dans les documents de l’époque, que nous avons pu retrouver, il n’est nulle part question du sort des compagnons de captivité de Simon Kim. Espérons qu’ils auront jusqu’à la fin imité son courage et sa patience.


Revenons maintenant aux généreux confesseurs qui, réunis dans la prison de Tai-kou, attendaient chaque jour, le moment qui devait mettre un terme à leurs souffrances. Pendant leur longue captivité, ils furent, non-seulement pour leurs frères dans la foi, mais pour les païens eux-mêmes un sujet d’admiration. Délaissés sans ressources dans le cachot, le jour ils s’occupaient presque tous de la confection de souliers de paille pour subvenir à leur subsistance, et Dieu permit qu’ils n’eussent plus trop à souffrir de la faim ; la nuit ils allumaient une lampe, et vaquaient tous ensemble à la lecture de livres pieux, et à la récitation de leurs prières qu’ils disaient en commun et à haute voix. Les habi-