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repartait pour Péking, afin de solliciter l’Évêque de cette ville d’envoyer un pasteur aux néophytes de Corée, la partie la plus désolée de son immense troupeau. Mais le jour fixé par la Providence n’était pas encore arrivé, et ses tentatives renouvelées aboutissaient toujours au même insuccès. Rien néanmoins ne put diminuer son courage ou éteindre son espérance.

On ne signale à cette époque aucune persécution. Les chrétiens vivaient presque en liberté, et leur nombre s’augmentait tous les jours. L’Esprit-Saint suppléait directement, par l’abondance de ses grâces, au manque de prêtres et de sacrements, et, pour l’utilité de tous, accordait quelquefois des faveurs singulières à divers membres de la chrétienté. En l’absence de documents et de témoignages assez positifs, nous nous abstenons de qualifier les faits que les chrétiens racontent, quoiqu’il nous semble tout à fait dans l’ordre de la Providence, que Dieu ait multiplié les secours spirituels extraordinaires, pour ranimer et soutenir ces pauvres néophytes abandonnés. Nous n’en citons qu’un seul exemple, entre beaucoup d’autres analogues.

Un enfant, né de parents chrétiens, et nommé Jacques Ioun, âgé de onze ans, allait tous les jours chercher du bois sur la montagne, avec ses camarades. Un jour il revint de bonne heure, harassé et souffrant, et se dit pris d’une maladie mortelle. Puis il ajouta : « Sur la montagne, me trouvant fatigué plus que de coutume, je me reposais, lorsqu’un sentiment intérieur invincible m’a fait connaître que je mourrai le jour de l’Ascension, à midi. » On examina son corps, on n’y trouva aucune marque de maladie ; cependant il allait plus mal, et bientôt sa situation parut dangereuse. Trois jours avant l’Ascension, il demanda instamment le baptême, qui lui fut conféré. La veille de la fête, il se fit donner des habits propres avec lesquels il désirait être enterré, puis distribua à quelques camarades les objets dont il se servait habituellement. Le jour de l’Ascension, rien ne paraissait annoncer une fin prochaine, il déclara toutefois que c’était son dernier moment, et à l’heure de l’Angelus, après avoir récité cette prière avec ceux qui l’entouraient, il s’endormit dans le Seigneur. N’était-ce pas son ange gardien qui, en le prévenant ainsi de l’heure de sa mort, lui avait procuré le bonheur de se présenter devant Dieu, dans la splendeur de son innocence baptismale ?

En l’année sin-sa (1821), l’invasion subite du choléra fut cause que beaucoup de chrétiens, qui n’étaient encore que catéchumènes, reçurent le sacrement de baptême, les uns à l’heure même de la mort, les autres à l’avance, par une pieuse précau-