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un peu connu dans le voyage, et dont le caractère bon, droit, ferme et désintéressé, semblait promettre une prompte et sincère conversion. Il était originaire du district de Hoi-iang, province de Kang-ouen. À l’âge de cinq ans il perdit sa mère, et peu après, les petites ressources de sa famille étant épuisées, il quitta la maison paternelle, se fit raser la tête et recevoir parmi les bonzes, chez qui il passa quelques années. Rentré dans la vie commune, il se plaça d’abord comme domestique dans diverses maisons, puis, à l’âge de vingt-trois ans, il se fit admettre au nombre des valets attachés à l’ambassade de Péking, et parvint à ramasser un petit pécule, dont il usa pour venir en aide à son père et à son frère. Son bon caractère le faisait remarquer entre tous ses compagnons, et lui avait gagné la confiance générale.

Charles Tsio avait environ trente ans quand Paul songea à le convertir. On le fit donc appeler secrètement dans une maison chrétienne, et Augustin Mou se chargea de lui faire les premières ouvertures au sujet de la religion. Il fut un peu interdit d’abord et ne comprit rien à ce qu’on lui disait ; mais après quelques jours d’instructions suivies, son esprit s’ouvrit à la lumière de la foi, et il promit de pratiquer tout de lion. Quelque temps après il se mit en route avec Augustin pour Péking, s’y présenta aux prêtres, et eut le bonheur de recevoir le Baptême, la Confirmation et la sainte Eucharistie. De retour en Corée, il ne se contenait pas de joie, et se faisait remarquer entre tous les néophytes par son humilité, sa patience, son amour ardent envers Dieu, et sa charité envers le prochain, qu’il soulageait par ses aumônes autant qu’il était en son pouvoir. Il fit tant d’efforts auprès de sa femme, qu’il parvint à surmonter ses répugnances, la convertit, et en fit une excellente chrétienne qui ne se démenti pas jusqu’à sa mort. Cet homme vraiment dévoué rendit, dans son humble condition, de très-grands services à la chrétienté ; il contribua beaucoup par son activité et son zèle, à l’introduction des missionnaires, et son nom ne peut plus être séparé de ceux de Paul Tieng et d’Augustin Niou.


En cette même année 1825, nous trouvons encore quelques chrétiens tourmentés et emprisonnés, sans toutefois que la tranquillité générale paraisse avoir été sérieusement troublée. Augustin Pai, autrement dit T’seng-mo, natif du district de Tong-tsin, et fils de François Pai, martyr en 1799, était parvenu à se cacher quelque temps lors de l’arrestation de son père ; mais étant revenu chez lui, il fut pris et conduit au tribunal de T’sieng-tsiou, où