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Ces quelques cas isolés de persécution n’avaient pas troublé la paix générale dont la chrétienté jouissait depuis 1827. Aussi nos intrépides courriers Paul Tieng, Augustin Niou et leurs compagnons continuaient-ils à faire, presque chaque année, le voyage de Péking pour demander des prêtres. Toujours trompés dans leurs espérances, ils revenaient toujours, et, en attendant le jour de Dieu, ils resserraient les liens entre les deux Églises de Chine et de Corée, nouaient des relations utiles, multipliaient les renseignements, et posaient des jalons pour l’avenir.

Le moment approchait où cette admirable persévérance allait enfin être récompensée par le succès. Les trente années de veuvage de l’Église coréenne, prédites par le P. Tsiou lorsqu’il allait au supplice, étaient écoulées. Depuis 1828, le Saint-Siège avait résolu de détacher la Corée du diocèse de Péking ; et enfin, en 1831, ce royaume fut définitivement érigé en vicariat apostolique et Mgr Bruguière, de la société des Missions-Étrangères, évêque de Capse, coadjuteur du vicaire apostolique de Siam, fut appelé à ce poste aussi glorieux que difficile. Avec cette nouvelle ère qui, à la parole du souverain Pontife, s’ouvre pour la mission de Corée, commence la seconde partie de notre histoire.



Résumons maintenant les faits de cette première période.

Cinquante ans se sont écoulés depuis le jour où le premier néophyte coréen a été baptisé à Péking, jusqu’au moment où l’heureuse nouvelle de l’arrivée prochaine des missionnaires, se répandant parmi les chrétiens, commence à ranimer leur foi et à relever leur courage. Pendant ce temps, la religion de Jésus-Christ s’est établie, s’est maintenue, s’est propagée dans ce pays, malgré une persécution continuelle, par l’action directe de l’Esprit-Saint et l’on peut dire, sans prêtre, sans sacrifice, sans sacrements, car le seul prêtre qui ait été envoyé à l’Église naissante n’y est demeuré que cinq ans, caché à tous les regards, presque inaccessible aux chrétiens eux-mêmes. Dans ce miracle d’un demi-siècle, on peut distinguer trois époques ayant chacune un caractère bien différent.

La première s’étend de 1784 jusqu’à 1801 ; c’est l’époque de création et de développement. La persécution commence avec la propagation de l’Évangile, car il n’y avait pas un an que Pierre Ni était revenu de Péking, quand déjà les ministres du roi requéraient la proscription de la nouvelle secte ; mais cette persécut-