Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/117

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vent, ô ma chère mère, cité votre exemple aux mères de famille négligentes à instruire leurs enfants. « Je n’avais tout au plus que huit ans, leur disais-je, et déjà ma bonne mère m’avait appris à lire, sans cependant jamais interrompre les pénibles travaux auxquels elle se livre tous les jours, d’une aube à l’autre, et le plus souvent jusque bien avant dans la nuit. » Tant de bontés de votre part, mes chers parents, pénètrent mon âme d’une vive reconnaissance. Que puis-je faire pour la manifester ? Hélas ! rien autre chose si ce n’est de prier Dieu, le père des miséricordes, de les répandre sur vous avec abondance, de vous donner le centuple promis dans l’Évangile, et de plus la vie éternelle. Je vous embrasse tous et suis pour la vie, avec le plus profond respect,

« Votre très-humble et très-obéissant fils,
« J.-H. Chastan, miss. apost. »


M. Chastan partit de Macao au mois de septembre 1833. Après un séjour de deux mois dans la province du Fo-kien, il s’achemina vers Nanking. Les dangers de ce voyage n’ébranlèrent pas sa constance. « Quand je sens naître, écrivait-il, quelque sentiment de tristesse à la vue des obstacles que le démon suscite pour faire perdre courage, et pour faire désister des entreprises qui ont pour but la gloire de Dieu, je les rejette aussi promptement que je puis. J’ai éprouvé bien des fois qu’au moment où tout paraît perdu, un acte de résignation au bon plaisir de Dieu n’est pas plutôt fait, que tout change, et Dieu semble alors vouloir faire notre volonté. » À Nanking, on l’engageait à ne pas continuer son voyage. « Il est impossible d’aller en Corée, lui disait-on ; demeurez avec nous, vous pourrez travailler dans la province voisine qui est sans pasteur. » Mais il répondait : « Connaissez-vous l’histoire de Jonas ? Je suis envoyé en Corée, je dois faire tous mes efforts pour y entrer. Si je ne puis réussir, je n’aurai du moins rien à me reprocher. »

Nous avons vu dans la relation du voyage de l’évêque de Capse comment le courageux missionnaire continua sa route et arriva, après mille dangers, jusqu’aux frontières de la Corée. Mais il n’y avait personne pour l’introduire dans cette mission. Il fut donc obligé de revenir sur ses pas, et d’aller travailler dans la province du Chang-tong, en attendant le moment marqué par la divine Providence pour son entrée en Corée. Pendant deux