Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être, mais non moins méritoire, et non moins digne de notre admiration. C’étaient Catherine Ni, Madeleine Tsio et Barbe Tsio, qui moururent en prison, dans le cours de la huitième lune.

Catherine Ni vivait en province, mais quoique connaissant la religion, elle ne pouvait guère, mariée qu’elle était à un païen, ni s’en instruire à fond, ni la pratiquer. Peu à peu, elle parvint à toucher le cœur de son mari, et eut le bonheur de lui faire conférer le baptême à l’heure de la mort. Devenue veuve, et au milieu de parents païens qui prohibaient sévèrement tout exercice du christianisme, elle prit le parti de se retirer avec ses enfants dans la famille de sa mère, pour s’occuper plus librement du soin de leurs âmes. Sa fille aînée, Madeleine Tsio, docile aux instructions de sa mère, était fort assidue à se faire instruire ; elle fit de rapides progrès dans l’amour de Dieu et du prochain. Elle se levait tous les jours de grand matin pour vaquer à ses exercices de piété, puis se livrait avec activité au travail, et par la couture et le tissage, soutenait sa mère et son jeune frère. Lorsqu’elle fut arrivée à l’âge de dix-huit ans, on voulut la marier à un chrétien. Mais, éprise des charmes de la virginité, elle ne voulut pas y consentir, et tout ce qu’on put lui dire sur les dangers de sa position, n’ébranla en rien sa détermination. Conseils et menaces, tout échoua. Bientôt, ne pouvant plus tenir contre les récriminations des païens qui ne comprenaient rien à une aussi étrange conduite, Madeleine s’enfuit à la capitale. Là, elle se mit en service dans une maison chrétienne, et ne calculant, ni l’excès de travail, ni l’insuffisance de ses forces, fit l’impossible pour contenter ses maîtres, et satisfaire en même temps sa dévotion. Elle en tomba malade de fatigue, et dut chercher une autre place moins difficile, où elle continua à travailler avec tant de diligence qu’elle put envoyer quelques soulagements à sa mère. Parvenue à un certain âge, et pensant que le danger de la part des païens serait passé, elle retourna à la maison maternelle, et devint le modèle des chrétiens par sa piété filiale, et par son application aux œuvres de charité. Elle instruisait les ignorants, consolait les pauvres, soignait les malades, baptisait les enfants païens en danger de mort, et se multipliait tellement, qu’on a peine à comprendre comment une femme pouvait suffire à tout ce qu’elle faisait. Dieu voulut éprouver cette pieuse famille. En 1838, Catherine et sa fille, forcées par la persécution d’abandonner leur maison, vinrent à la capitale dans le plus grand dénûment, et à l’aide de quelques secours que la charité leur offrit, trouvèrent asile dans une même maison avec Barbe Tsio, que des malheurs analogues avaient réduite à la même détresse.